J’ai pris contact avec un membre des SA en juin 2017 en réponse à son courriel envoyé deux mois auparavant, et j’ai su que j’avais un problème avec mon comportement compulsif. Au quotidien, je satisfaisais mes « besoins » comme un automate programmé pour effectuer des recherches répétitives. Je cherchais à combler le vide terrible que ma vie secrète cachait depuis des lustres.

« Nous étions dépendants de l’intrigue, de la séduction, de l’interdit. La seule façon de nous en libérer que
nous connaissions était de passer à l’acte. » (SA 203). Pour la première fois de ma vie, j’ai compris que mon comportement sexuel avec des inconnus dans des lieux publics ne faisait qu’assouvir les fantasmes que la pornographie avait fait naître. Je voulais désormais être le réalisateur, la star, le scénariste et le spectateur de mes créations en direct avec les « objets de ma luxure » (SA 162).

Mais j’étais complètement isolé dans mon problème. « Notre comportement rendait la véritable intimité impossible. » (SA 203). J’ai eu des rencontres occasionnelles dès mon plus jeune âge. À 16 ans, je faisais du vélo sur des routes isolées, dans l’espoir d’établir un contact visuel avec quelqu’un et de commencer quelque chose. Ce n’est qu’à quelques reprises que quelqu’un s’est retourné vers moi, mais cela m’a suffi pour me sentir accepté – momentanément.

Lorsque j’ai commencé à pratiquer les Étapes avec mon parrain, quelques mois après avoir découvert les SA, j’ai compris que la luxure n’était pas seulement mon désir égocentrique de posséder sexuellement des personnes, des animaux, des objets et des fantasmes. Bien sûr, la luxure était tout cela, mais elle pervertissait aussi le sexe lui-même, ce que je crois que la Puissance supérieure a créé pour faciliter mon existence même dans le monde. J’étais coincé dans mon idée tordue sur le but du sexe.

Je me sentais cependant protégé dans ma réalité alternative. Je pouvais me retirer et me sentir à l’abri des insultes, du rejet et de l’abandon émotionnel de mes parents. D’autres enfants me traitaient encore plus mal, mais j’utilisais mon superpouvoir pour construire un mur transparent à travers lequel je pouvais encore les voir, tout en restant à l’abri de leurs railleries et de leurs rires. J’avais trouvé la solution à tous mes problèmes dans le porno, les fantasmes et le passage à l’acte, mais personne ne pouvait le savoir. Ces murs sont devenus les masques derrière lesquels je me cachais pour supporter la douleur de mon enfance et de mon adolescence.

Pendant plus de 30 ans, après avoir utilisé la luxure pour me transporter dans des endroits plus sûrs, je l’ai aussi utilisée pour me transformer en différents personnages qui s’adaptaient à toutes les situations. Au travail, je suis devenu efficace, sûr de moi, fort et puissant et j’ai été récompensé pour cela. Je lançais habilement des piques aux autres pour faire sourire mes amis, et j’attaquais parfois sans pitié avec des mots blessants, juste pour montrer que je ne voulais pas me laisser faire.

Avec ma petite amie, puis ma fiancée, puis ma femme, j’ai pu satisfaire mon ego (qui n’avait pas de limites) en devenant un partenaire aimant, gentil, attentif et serviable qui complétait parfaitement les défauts que je supposais à tort qu’elle avait. Mon super pouvoir a cessé de fonctionner aussi bien, et nous sommes devenus tous les deux malheureux assez rapidement. Nous pensions que le fait d’avoir des enfants nous sauverait, mais je continuais à « me faire croire encore et encore que la prochaine [fois] me sauverait, j’étais en train de perdre [ma vie] » (voir SA 203).

J’ai maintenant sept ans de sobriété sexuelle. Chaque jour, j’accepte devant Dieu et devant la fraternité que je suis toujours un sexolique, impuissant face à la luxure. Je reconnais maintenant que j’ai un super Pouvoir, mais celui-ci me donne la sobriété et le rétablissement. J’ai reçu le don de prendre conscience de mon comportement (que j’avais l’habitude d’ignorer pour éviter d’être jugé par Dieu). Cette conscience m’avertit maintenant presque instantanément lorsque la luxure est en jeu. Lorsque je m’approche du bord, mon allergie à la luxure se déclenche et je commence à perdre ma sérénité et ma confiance en Dieu. Si je m’y attarde, je ressens un picotement qui veut me transporter dans mon sombre passé.

À ce moment-là, la décision de passer un appel au programme ou de quitter un lieu est vitale, mais je sens l’ivresse dans tous les pores de mon corps. Lorsque je m’abandonne à mon nouveau super pouvoir, la Puissance supérieure, je suis accueilli avec amour et je pleure de joie en recevant l’étreinte protectrice.

Lorsque je lis « Nous nous rendons compte que nous ne savons que peu de choses… » (SA 210), je suis reconnaissant à la Puissance supérieure de m’avoir sauvé de l’endroit où j’existais auparavant. J’ai entendu un ancien dire : « Le fait de deviner les choses n’est pas un outil de programme ». Je n’aurais certainement jamais pu comprendre cette nouvelle existence par moi-même. Il s’avère que mon super pouvoir n’était pas si super que ça après tout.

Lorsque je fais de mon mieux pour prendre les bonnes décisions et persévérer, j’ai de plus en plus confiance que le programme des SA fonctionne si je le pratique et que « Dieu fait pour [moi] ce que [je] ne pouvais pas faire pour [moi-même] ». (voir AA 84)